Discurso Mons. Mbarga en la UCAC

El texto de esta conferencia fue pronunciado por el autor con motivo de la inauguración del curso en la Universidad Católica de África Central (UCAC), en Yaounde, el 24 de octubre de 2013. Lo transcribimos íntegramente.
Queridos todos los aquí presentes:

Il nous plait de prendre part à cette auguste aréopage, pour la première fois, dans le cadre de notre suppléance de Grand Chancelier, en lien avec notre mission d’Administrateur Apostolique de l’Archidiocèse de Yaoundé, suite à la renonciation de Monseigneur Victor TONYE BAKOT, Archevêque émérite de l’archidiocèse de Yaoundé, pour qui nous exprimons de la déférence.

Nous tenons à saluer chaleureusement, les forces vives de cette Université Catholique, et exprimons tout notrerespect à l’expérience accumulée dans le gouvernement de cette Université, expérience durant laquellenous nous inclinons ; nous souhaitons qu’elle nous soit souvent servie comme breuvage, comme modèle, comme acquis, et comme perfectible.

Nous nous trouvons parmi vous avec un sentiment affectif certain ; cette Université, en effet, nous a ouvert au monde universitaire, en nous concédant pendant dix ans, la mission d’enseignant associé en faculté de théologie, de philosophie, de sciences sociales et à l’Ecole des infirmiers d’alors. C’est avec une réelle joie que nous entrons à nouveau sous les portiques de ce sanctuaire académique. Comment ne pas « d’entrée de jeu » dire notre admiration et notre fierté en voyant que les acteurs, et les maîtres de ce grand projet de l’Afrique centrale n’ont pas failli, que disons-nous ! ont été à la hauteur de la confiance que le Saint Père, notre Eglise et les nations africaines leur ont faite.

Cette prise de parole, peut être considérée dans une large mesure comme notre prise de fonction officielle. A cet effet, nous nous empressons de vous assurer de notre pleine disponibilité parce que nous épousons, par devoir et par affection ce riche héritage à préserver, à transmettre et à faire rayonner. Nous voudrions tant, que vous comptiez sur notre pleine sollicitude !

Notre message pour cette année, se résume en ce vœu :

Nous souhaitons que cette année académique soit plus académique ! Cette tautologie est plus qu’une figure de style !

Dans son Exhortation Postsynodale « Africae Munus », le Pape Benoît XVI écrit ceci :

« Dans le contexte actuel du grand brassage des populations, des cultures et des religions, le rôle des universités et des institutions académiques catholiques est essentiel à la recherche patiente, rigoureuse et humble de la lumière qui vient de la Vérité. Seule une vérité qui transcende la mesure humaine, conditionnée par des limites, pacifie les personnes et réconcilie les sociétés entre elles. A cet effet, il convient de créer des universités catholiques nouvelles là où elles n’existent pas encore. Chers frères et sœurs engagés dans les universités et les institutions académiques catholiques, c’est à vous qu’ils revient, d’une part, d’éduquer l’intelligence et l’esprit des jeunes générations à la lumière de l’Evangile, et, d’autre part, d’aider les sociétés africaines à mieux comprendre les défis auxquels l’Afrique est confrontée aujourd’hui, en fournissant la lumière nécessaire par vos recherches et vos analyses. » AM n°135.

En effet, une université comme la nôtre, s’appuie sur trois grands piliers : l’administratif, le pastoral et l’académique.

L’information disponible nous réjouit du fait que l’année écoulée, des engagements soutenus ont permis de consolider la force administrative de cette université : la nomination du Secrétaire Général, Monsieur Pierre Sam NDOUMBE, dont nous saluons la bonne entrée en poste ; la nomination du Doyen de la Faculté de philosophie, Révérend Père Kisito Stephen FORBI, dont nous saluons la longévité, et tant d’autres affectations nous valent cette efficacité administrative. C’est le moment favorable d’exprimer à notre tour, au nom de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, notre profonde reconnaissance au Saint Père François, à Son Eminence le Cardinal Zenon GROCHOLEWSKI, Préfet de la Congrégation pour l’Education Catholique, à Son Excellence, Monseigneur Piero PIOPPO, Nonce Apostolique au Cameroun et en Guinée Equatoriale, à tous les Evêques de l’ACERAC, pour le soin et l’affection avec lesquels, ils répondent toujours à nos attentes. Que Dieu en soit béni !

Le pilier pastoral quant à lui, se montre solide et vigilent. La pastorale universitaire, qui conjugue en même temps, la foi célébrée et la foi approfondie, a su conquérir et parfois reconquérir, la foi vécue des étudiants et formateurs.

Nous nous en réjouissons, pour encourager, le déploiement pastoral de la paroisse universitaire dans la totalité des campus. Comme Administrateur Apostolique de l’Archidiocèse de Yaoundé, c’est avec un réel plaisir, nous souvenant de nos années d’aumônerie des jeunes et des laïcs, que nous soutenons toutes les initiatives de croissance dans ce domaine d’accompagnement pastoral et spirituel de toute la famille universitaire.

Le pilier académique que nous voulons privilégier cette année, nous semble d’une large pertinence parce qu’il nous permet d’aspirer au perfectionnement. D’entrée de jeu, il s’agirait de faire appel à ce que nous avons coutume d’appeler « l’excellence académique », lorsque nous voulons faire écho des exigences de réussite, des affinements des compétences, de la maturité des produits en termes de ressources humaines et de productions intellectuelles.

Au-delà de cette approche, permettez-nous de proposer que notre souhait soit de voir croître ce que nous nommons « la culture académique ».

Cette culture évoque la nécessité de promouvoir une identité propre qui donne aux acteurs de cette université une parenté académique, qui les lie ou les unit en une famille académique, qui les définit, et les élève vers de nouvelles raisons de vivre ensemble, de travailler ensemble, de construire ensemble et de projeter ensemble.

Dans bien des cas, une telle ouverture a le pouvoir d’éduquer à la transcendance, à la recherche des valeurs supérieures et aussi à des déracinements de nos identités naturelles ou restreintes. Une telle orientation fait des esprits qui élèvent la pensée ; l’académique restera toujours une culture au-dessus des cultures basiques.

Concrètement donc, il convient de voir émerger de plus en plus des personnalités académiques. Nous pensons à des formateurs et aux étudiants qui ciblent l’académique comme une manière d’être et de vivre ! Qu’ils soient comme des « académiciens » avec la noblesse que porte ce rang !

En plus, il est nécessaire de vanter la socialité académique, qui crée de nouvelles affinités et une parenté dynamique, qui génère des solidarités plus larges, plus intellectuelles, et plus performatrices !

« Un académicien sans les académiciens » est un météore ; car la pluridisciplinarité fait de la science et du savoir, une possibilité de complémentarité, de coopération et une nécessité de la répartition des tâches et des charges de recherches. C’est l’occasion de saluer l’originalité académique de l’organisation de la leçon inaugurale de cette année ; l’approche multidisciplinaire indique que la voie de la complémentarité est efficace, productrice et pertinente. Ce thème des « industries extractives » s’inscrit effectivement dans la vaste problématique de l’industrie tout court ; la question fondamentale est la suivante : « ce qui est industriellement possible est-il éthiquement et humainement licite ? »Aujourd’hui le critère de validation d’une industrie est le même que celui de toutes les organisations existantes, à savoir, sa conformité aux droits fondamentaux de l’homme ; la dignité humainene peut être mieux promue dans le champ des œuvres de l’homme que par une approche pluridisciplinaire ; celle-ci accentue la circonspection, la préservation du bien commun et de l’écologie humaine, et la nécessité de la croissance.

Par ailleurs, il convient d’insister sur la créativité académique ; l’Université d’Afrique Centrale a la mission d’être un laboratoire de l’Afrique, laboratoire d’idées pertinentes, de concepts adaptés, de recherches pointues, d’ouvertures au temps et à l’espace contemporains, de la promotion de l’Afrique, sa culture, ses potentialités et sa dimension dans le monde ; elle doit être une source de fécondité de l’Eglise qui est en Afrique… C’est vers ce foisonnement cohérent de valeurs recréatrices que nous élève l’académique ; tous ceux qui se laissent absorber par cette aspiration à continuer la création du monde n’ont de temps que pour cela, n’ont d’amis qu’en cela, n’ont de projet que de cela. Ils forment alors la famille des « académiciens ». Nous sommes de l’ACERAC sur le plan institutionnel, mais nous sommes de l’universalité sur le plan académique.

En outre, nous voulons redire ici ce que nous avons appelé ailleurs « l’Eglise académique ». Ce concept évoque la qualité d’une famille qui conjugue science et foi, science et conscience, science et église.

Cette alliance entre le spirituel et la science vécue en Eglise, dans la confession trinitaire, crée toujours une communion dans les certitudes dont la plus forte est que « l’homme de science continue la création » ; ce privilège d’être associé à l’œuvre divine, le divinise, nous divinise. Nous voilà donc près de Dieu et en Dieu !

Excellences,

Mesdames, Messieurs !

Puisse cette année académique être une année plus académique !

Je vous remercie !